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Le tabagisme.
Escaliers de pierres à Bonnieux.
août 2000 (*)

AU CARREFOUR D’ENJEUX SANITAIRES, SOCIAUX ET... ECONOMIQUES ! 
 

    Les données les plus récentes estiment à quelques 3 millions de personnes le nombre de victimes du tabagisme dans le monde, et « pronostiquent » un seuil de 10 millions de décès par an d’ici les années 2020 à 2030, dont 70 % surviendraient dans les pays en dévelop-pement. (1)

     Si l’on connaît bien aujourd’hui la causalité connue ou probable de la consommation du tabac dans un certain nombre de cancers (larynx, poumon, oesophage, vessie, pancréas, estomac, col de l’utérus), sa responsabilité certaine dans un certain nombre d’affections telles que cardiopathies, accidents vasculaires cérébraux, maladies vasculaires périphériques, broncho-pneumopathies chroni-ques, le grand public connaît moins bien d’autres inciden-ces.

     Fumer diminue la fertilité. Fumer ne nuit pas seulement au foetus, mais aussi à l’ovule prêt à être fécondé. C’est ainsi que les femmes qui fument et désirent un enfant doivent patienter en moyenne deux fois plus longtemps que les non-fumeuses avant d’être enceinte. Telle est la conclusion d’une étude réalisée sur plus de 4.000 femmes de dix pays d’Europe. Un demi-paquet de cigarettes par jour semble être le seuil à partir duquel la fertilité féminine diminue de façon mesurable.

     Fumer augmente le risque de naissance prématurée. Les femmes enceintes qui fument risquent plus que d’autres de donner naissance à un enfant prématuré. En revanche, les femmes qui arrêtent de fumer avant la grossesse ne montrent pas de risque plus élevé. Un groupe de chercheurs suédois a effectué cette étude chez plus de 240.000 femmes. En comparaison avec des non-fumeuses, les femmes enceintes qui fument 10 cigarettes ou plus par jour encourent un risque 1,6 fois plus grand d’accoucher avant la 32ème semaine, et un risque 1,5 fois plus grand d’accoucher entre la 32ème et la 36ème semaine. (2)

     Le tabagisme passif, dont les industries du tabac, Imperial Tobacco notamment, voudraient nous faire croire qu’il est sans conséquence pour la santé des non-fumeurs respirant la fumée des autres, est aujourd’hui incriminé dans les maladies du coeur et du cancer. Effectivement, diverses études (3) ont démontré que la Fumée de Tabac dans l’Environnement (FTE) comprend plus de 4.000 produits chimiques, certains reconnus des plus nocifs tels que la nicotine, le goudron, le monoxyde de carbone, le benzène, le chlorure de vinyle, l’amoniac, le cyanure, l’arsenic, le formaldédyde... Au moins cinquante de ces produits sont des cancérogènes connus. D’autres seraient des agents mutagènes capables de changer la structure génétique des cellules ! 

     C’est bien parce que le tabagisme reste un véritable fléau que l’Union Européenne a adopté en juin 2000 une nouvelle directive. Celle-ci devrait être appliquée au 1er janvier 2002. Elle prévoit que 40 % de l’emballage des paquets de cigarettes devront être occupés par la mention

 

« Le tabagisme passif nuit à votre entourage, en particulier aux enfants » et, au choix du fabricant, « Fumer tue un demi-million de personnes par an dans l'Union Européenne », « Fumer provoque le cancer », ou « En fumant, tu te tues »

     Face à cette mobilisation, l’industrie du tabac, tente de « moraliser » sa communication en prétendant porter une attention sur la santé publique, n’hésitant pas à énoncer que la nicotine ne serait pas un facteur de dépendance ! Pourtant, après bien d’autres, c’est le ministre de la santé du Canada, Allan Rock (4), qui a dénoncé les pratiques « trompeuses » de l’industrie du tabac consistant à camoufler les véritables dangers de ses produits, à renforcer la dépendance des fumeurs et à séduire une clientèle de jeunes mineurs. Ces propos ont d’ailleurs été confirmés par Jeffrey Wigand, biochimiste et ancien directeur de recherche chez Brown & Williamson, compagnie soeur d’Indutrie Tobacco. Après avoir été congédié M. Wigand a révélé les méthodes employées par cette firme, comme celles consistant à modifier la composition des produits afin d’entretenir l’accoutumance du consommateur.

     Wayne Mac Laren, le beau cow-boy solitaire au visage buriné par l’aventure et les intempéries, qui dans la plaine consumée par le soleil couchant allumait la cigarette, et promotionnait l’image « virilité-tabac », est décédé en 1995 d’un cancer du poumon. « Les slogans diffusés ont bercé ma propre existence » disait-il en décembre 1994 à la presse de Los-Angeles, et poursuivait : « J'ai ainsi sacrifié la moitié de ma vie d'homme à un passe-temps inutile qui va m'ôter l'autre moitié. Mais si je détourne un seul gamin de ce chemin, j'estime que je n'aurai pas perdu tout mon temps ».

     La vigilance sur la sécurité alimentaire, dont les récentes actualités nous ont montré la nécessité, ne doit pas nous faire oublier le facteur « tabagisme » dans cette impérieuse mission d’éducation à la santé.


(1) Bureau de l’information OMS, octobre 1999
(2) The New England Journal of Medicine 1999 ; 341 p. 943-948
(3) O.M.S., Centre International de Recherche sur le Cancer
(4) Santé Canada, novembre 1999, communication publique de 1.200 documents émanant de la Compagnie-mère d’Imperial Tobacco, la British American Tobacco.

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(*) © Photo de Philippe Courbon
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